jeudi 27 septembre 2012

pauvres riches...

"Ils ont augmenté les impôts? Scandale!" Pauvres riches...

Je ne désire pas simplement vous entretenir ici de la récente mesure du PQ: imposition supplémentaire rétroactive chez les mieux nantis; mais de la grogne systématique contre les hausses d'impôts.

Pourquoi est-ce si difficile de se priver quand d'autres possèdent ridiculement moins que nous? A-t-on souvenir d'une augmentation d'impôts qui ait été applaudie par les gens qu'elle vise?

Des pauvres riches, il y en a dans toutes les classes, à commencer par la classe moyenne. Je serais en faveur d'un impôt mondial!

J'ai passé mon enfance à Hochelaga-Maisonneuve et mon adolescence à Brossard, j'ai vu les écarts... que l'espérance de vie soit moins élevée de 10 ans dans certains quartiers d'une même province, ÇA, ça me scandalise!

Je souhaiterais à tout le monde un terrain et une maison de banlieue. Mais est-que 7 000 000 000 de personnes peuvent se permettre ça?

Il me semble que de défendre bec et ongle  notre confort personnel a quelque chose de méprisant pour les gens n'ont pas accès à ce niveau de confort...

Combien de famille québécoises ont un chalet? En même temps, la majeure partie de l'année, l'Accueil Bonneau sert plus de 1000 repas par jour (2% de la population de la circonscription!!!). "Par pitié, ne nous imposez pas d'avantage, on ne pourra pas effectuer les rénos du chalet avant l'an prochain!"

Pendant ce temps là, ici comme ailleurs, des gens couchent dehors toutes les nuits...

Quel serait le niveau de vie au Québec si on vivait en autarcie? Avec les salaire décents, les prix réels des ressources et les coûts environnementaux pour tout ce qu'on consomme?

Les riches d'ici ne le sont peut-être pas toujours au détriment des pauvres d'ici, mais certainement au détriment de quelqu'un quelque part. À ma connaissance, la planète ne peut pas soutenir le mode de vie de 7 000 000 000 de François Roy gagnant autour de 20 000$/an et habitant un 5 1/2 avec un coloc.

Au Québec, on est révoltés (avec raison) devant un docteur qui assassine ses enfants, devant Polytechnique, Dawson ou Colombine. Au Québec, on est solidaires en temps de crises (verglas, inondations, tsunami, Haïti). Le reste de l'année au Québec, on veut payer moins d'impôt...

Se soucie-t-on réellement du sort du monde? Réalise-t-on que la conscience est une notion globale? Que la vie serait plus paisible dans une société où l'on aurait à coeur le mieux être de tout le monde, tout le temps?

20 000$, 50 000$ ou 150 000$, nous sommes tous les "pauvres riches" de quelqu'un d'autre... quand les impôts augmentent, au lieu de se demander ce qu'on perd, pourquoi ne pas se demander ce qu'on a et que d'autres n'ont pas?

- Oui, mais moi j'ai travaillé dur.
- Oui, mais moi j'ai mérité ce que j'ai.
- Oui, mais moi mon travail est plus important.

Oui, mais toi, tu fais partie d'un monde où d'autres sont payés 3$/jour pour que tu aies des bananes à 49 sous la livre, un cell gratuit avec l'abonnement, des pièces de la maison réservées pour la télé et le char et des voyages partout dans le monde... aussi mérité soit-ce, aussi dur que soit ton travail et aussi important soit-il.

7 commentaires:

  1. Tu viens de Masoch, intéressant.

    Je partage ton point de vue. J'ajouterais que le système fonctionne parce qu'on est assez tata pour croire qu'on s'enrichit en travaillant. Que les riches le sont devenus au mérite. Si tu es pauvres, tu n'as qu'à en faire plus, à travailler plus fort. Il n'en est rien. J'aimerais bien qu'on m'explique comment on se débrouille pour mériter un héritage (qui n'est pas imposé ici, soit dit en passant).

    Les riches ont la possibilité d'envoyer leurs enfants en garderie à 7$ puis à l'école privée subventionnée à 30% par mes impôts. Ils ont accès au système de santé public universel. Ça mange sur la carte de crédit de la compagnie, ça a accès à des crédits d'impôts exorbitants. Et ça vient nous dire d'en faire plus.

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    1. Et voilà! J'essaie d'expliquer ça souvent... mais je crois que c'est difficile à accepter pour la majorité du monde à cause de la part de renoncement que ça exige!

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  2. Ce billet me renverse par sa vérité qui en ressort.J'aurais aimé pouvoir l'écrire.Les injustices sociales sont courrantes malheureusement.Le partage est mal fait.Prenons l'exemple de Elle sur les garderies,ça n'a aucuns bon sens. Pas loin de chez moi,il y a une pourvoirie avec des chambres à 800.00 dollars la nuit et c'est toujours réservé,quelle imbécilité.Ya du monde qui couche dehors au Québec et ailleurs.On pourrait en ajouter encore combien des comme ça? Ton billet est excellent et surtout intelligent,les jeunes ne sont pas tous des idiots au contraire ils ont beaucoup à nous apprendre suffirait juste d'écouter leurs bonnes idées.Mais certaines gens préfèrent garder des oeillères comme ça on s'en lave les mains. Bonne fin de semaine François!

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  3. Je ne suis vraiment pas du genre à défendre les riches, car ils en ont généralement pas besoin et je trouve ce billet excellent. François et mes amiEs vous le confirmeront.

    Je commente ici plus le commentaire de "Elle". Je me demande cependant pourquoi dans un système universel auquel les riches contribuent, n'auraient-ils pas droit à la garderie à 7$ et à se faire soigner? Je ne parle pas des subventions aux écoles privées, mais à l'accès aux services essentiels universels. Le concept est de mettre en commun nos fonds, les riches payant davantage et les moyens peu et les plus pauvres pas du tout; afin que tous en période de besoin et pour en réduire le coût, bénéficient de ressources. Les riches, comme les pauvres ont droit à des services.

    Bonne réflexion et merci Frank pour tes billets plein d'humanisme.
    Daniel

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  4. @ daroillustration.com : Je suis tout à fait d'accord, mais en ce moment, les pauvres paient proportionnellement beaucoup plus que les riches pour moins de services, c'est ce que j'essayais de montrer. L’iniquité. Je ne dis nulle part que les riches ne devraient pas avoir accès aux services publics universels pour lesquels ils paient. En revanche, les riches pensent que les pauvres devraient en faire plus pour moins de services. Que les enfants de BS n'ont pas d'affaire dans leur garderie à 7$. Les pauvres de classe moyenne paient des impôts pour financer les écoles privées et les universités où ils n'ont pas les moyens d'envoyer leurs enfants.

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  5. Excellente réflexion François. Je suis tout à fait d'accord avec le fait que les richesses sont mal réparties dans le monde et même à l'intérieur de chaque société.

    Toutefois, ce qui me fait le plus tiquer vient d'un mal beaucoup profond selon moi: celui du nivellement par le bas. J'ai travaillé dans plus d'une école secondaire et chaque jour, je vois des jeunes complètement blasés qui ne font pas les efforts requis pour se donner les outils pour réussir plus tard. Je vois également des parents qui les laissent à eux-mêmes et ne leur transmettent pas l'importance de la valeur d'une bonne éducation, de l'ouverture sur le monde et des notions de discipline et d'efforts.

    Tout ça pour en venir à dire que OUI il y a beaucoup de pauvreté et d'inéquité, mais peut-être y en aurait-il moins si à la base, l'éducation était plus valorisée. Ainsi, moins des jeunes adultes auraient besoin de l'aide sociale ou se retrouveraient sans abri et moins de familles vivraient au crochet du reste de la société. Je suis tout à fait consciente que tous n'ont pas eu la même chance et que certains ont besoin d'aide malgré les efforts qu'ils ont pu fournir, mais je trouve très inquiétant de voir que la notion d'effort se perd à la base et que la notion du MOI, JE prend de plus en plus de place.

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